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Président de la Mutualité Française : Etienne Caniard

Ville, urbanisme et santé


Ville, urbanisme et santé… Un tel sujet peu paraître bien éloigné des préoccupations actuelles, dominées par la situation difficile de nos comptes publics dans un contexte alarmant de récession. Pourtant, il est au cœur de défis majeurs et vient, notamment face à la question cruciale de la pérennité de notre système de protection sociale, mettre l’accent sur la nécessité d’adopter une autre vision de la santé. Certes, il est aujourd’hui largement reconnu que la santé dépend de facteurs autres que biologiques. Ainsi, les facteurs politiques, économiques, sociaux, culturels, environnementaux, comportementaux jouent un rôle majeur dans la santé des individus. C’est tout le sens de la définition de la santé proposée par l’Organisation mondiale de la santé ou encore des principes édictés par la charte d’Ottawa de 1986 sur la promotion de la santé. Pourtant, l’essentiel des messages relatifs à la santé, y compris les messages encourageant la prévention, continuent de mettre en parallèle maladie et dysfonctionnement biologique. Ainsi, les changements de comportement sont les seuls leviers sur lesquels les individus sont invités à agir. Et, dans la même logique, la majeure partie des dépenses relatives à la santé est investie dans le système de soins. C’est avec cette approche biomédicale de la santé qui ramène invariablement à la question des déficits de l’assurance maladie que les auteurs de Ville, urbanisme et santé invitent à rompre, au profit d’une approche plus globale qui repositionne la médecine dans un ensemble plus vaste contribuant à la santé d’une population. Cette vision, qui fait écho à celle que tente de promouvoir depuis longtemps la Mutualité Française avec d’autres acteurs, tient notamment dans un renforcement d’une approche large de la promotion de la santé, fondée sur une double logique de prévention et de précaution, capable d’irriguer l’ensemble des politiques publiques, y compris donc la politique de la ville.

Cette approche plus générale peut s’appliquer à de nombreux enjeux auxquels notre société est confrontée. Il en est ainsi de l’accroissement des maladies chroniques. Diabète, maladies cardio-vasculaires, maladies neuro dégénératives, cancers…, la liste est longue. Or, ces maladies, dites de civilisation, trouvent précisément leurs origines dans notre mode de vie, dans notre modèle de développement, notamment urbain. Dans ce domaine, la réponse dépasse les seules questions de prise en charge et induit de s’attaquer plus profondément aux causes : alimentation, sédentarité, conditions de travail mais aussi pollutions, déplacements, habitat…

Il en est de même à propos du vieillissement de la population. Le défi auquel est confrontée la France ne se résume pas à la seule problématique financière (équilibre des régimes de retraite, financement de la perte d’autonomie…) mais soulève des problèmes de caractère individuel et sociétal liés à la qualité de la vie des personnes âgées, en termes de soins de santé certes, mais aussi d’indépendance, d’interaction sociale, de participation communautaire. Et ces problèmes appellent l’élaboration de réponses crédibles trouvant à s’incarner, concrètement et durablement, au cœur de nos cités.

Ville, urbanisme et santé constitue une contribution particulièrement stimulante pour la réflexion autant que l’action. La perspective historique prise par les auteurs permet de voir comment les progrès sanitaires les plus importants ont été le fruit de véritables révolutions scientifiques, chacune de ces révolutions résultant d’une vision toujours plus large et pluridisciplinaire de la santé et de la maladie. Ainsi, dès le XIXe siècle, la collaboration de médecins, statisticiens et sociologues a permis l’émergence de l’épidémiologie, une discipline fondamentale sans laquelle nombre de progrès n’auraient pu être obtenus. De la même façon, l’architecte et l’ingénieur se sont imposés comme les figures centrales de cette conquête que fut l’hygiénisme. Puis, ce fut au tour des psychanalystes qui introduisirent, aux côtés de l’hygiène physique, les notions d’hygiène mentale et de santé mentale.

Perspective historique mais aussi projection sur l’avenir, Ville, urbanisme et santé dessine les contours de la probable prochaine révolution sanitaire. Pour les auteurs, cette révolution serait basée sur l’écologie humaine ou approche éco-systémique qui permet d’étudier la santé, non plus en vase clos, mais de façon globale, en replaçant l’individu dans son environnement et ses interrelations.

Le mouvement mutualiste a commencé, lui aussi, à s’inscrire dans ces réflexions d’avenir. Beaucoup d’initiatives sont ainsi développées par les mutuelles, qu’il s’agisse de santé environnementale, de qualité de l’air, d’inégalités sociales de santé, d’éco-consommation en santé, des leviers sociaux favorables à la promotion de l’activité physique chez les jeunes et les moins jeunes, de logement... Des pierres apportées à l’édification d’un futur possible, tout comme cet ouvrage qui nous rappelle que l’« ambition santé » doit toujours rester offensive.
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