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Etienne Caniard

Euthanasie


Euthanasie… Mot étrange aux consonances lointaines. Abstrait, complexe, inquiétant. Nous renvoyant à l’idée de notre finitude, une finitude auréolée non de sérénité mais de souffrances. Difficile d’y songer sans angoisse. Difficile de l’aborder paisiblement. Pourtant, la question se pose régulièrement, relancée par une actualité cruelle qui ne nous laisse pas indifférent. Et s’il s’agissait de nous, s’interroge-t-on ? Quel choix effectuerions-nous face à un handicap insupportable, face au délitement progressif de notre intellect, face à une douleur nous ôtant toute capacité à profiter des moindres petites joies ? Chacun d’entre nous pense avoir sa réponse, teintée de la culture qui nous habite. Pour certains, la vie, don de Dieu, ne peut être ôtée que par lui. Pour d’autres, la liberté de l’être humain réside au plus profond dans le droit de choisir sa vie et sa mort. Vivre et mourir à sa guise. Pour d’autres encore, la vie présente un coût que nos sociétés, à partir d’un certain seuil, n’ont pas à assumer. Dans une société où la longévité s’accompagne d’un lot supplémentaire de souffrances et de dépendances, la tentation d’une vision économique peut l’emporter sur la vision simplement humaine. Culpabiliser nos aînés, relâcher notre attention vis-à-vis de ceux dont les facultés s’altèrent ne sera jamais acceptable Notre pays a déjà évolué sur ce sujet, avec le vote de la loi Léonetti qui met fin à l’acharnement thérapeutique, défini comme la poursuite d’un traitement lourd disproportionné par rapport au bien qu’en retire le malade. Bénéficier des soins palliatifs, de l’accompagnement de fin de vie est, théoriquement, un droit pour tous. Mais concrètement ? Face à la souffrance, les pratiques demeurent encore très hétérogènes. La tentation de répondre au vœu de mort par un geste létal est souvent révélateur d’un défaut de formation et d’une solitude des soignants face à des fins de vie qu’ils ne savent pas accompagner. Une loi peut-elle amender les consciences, s’interrogeait le rapport Hennezel. Ne peut-on pas craindre qu’elle freine les efforts des soignants pour améliorer leur pratique, pour la penser, pour inventer une manière d’être humble et humaine auprès de ceux qu’on ne peut plus guérir ? Débat personnel, débat sociétal. Il est difficile d’arrêter sa position sur de simples affects ou sur la base de considérations soi-disant objectives. Dans ce débat, relancé d’ailleurs par deux des principaux candidats à l’élection présidentielle, chacun défendant des conceptions opposées, la Mutualité a souhaité être présente. Non pour défendre un point de vue mais pour donner un écho, une légitimité peut-être aux interrogations qui se font jour. L’opportunité s’est présentée avec cet ouvrage dont le mérite est, non pas de soutenir une position, mais de porter à notre connaissance différents éléments nourrissant notre réflexion intime. Le défi était loin d’être évident. Pourtant, les auteurs, Claude Broussouloux, médecin, et Etienne Charles, journaliste, l’ont relevé. Je les remercie pour les éclairages apportés à un sujet plus que difficile. Je laisse au lecteur le soin de construire sa pensée sur cette question. Sans peur, sans a priori, en toute conscience.
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